Le mouvement indépendantiste Corsica Libera tenait ce jeudi soir une réunion publique, l’avant dernière d’une longue série, initiée en septembre, afin de préparer, entre autres, l’Assemblée Générale de dimanche prochain mais pas seulement.
Une Assemblée Générale qui aura lieu à l’Università dès 14h00, le mouvement invite ses militants, ses sympathisants et au-délà tous ceux qui veulent s’investir pour les intérêts du peuple corse à monter dimanche.
Lors de cette réunion publique, avec Pierre Poggioli, Josepha Giacometti, Jean-Guy Talamoni, François Sargentini, Pierre Paoli, Jean Marie Poli et Paul Leonetti, à la table et quelques 150 personnes dans la salle, ont été abordés les différents sujets comme l’Assemblée Générale, les élections municipales sur Ajaccio, mais aussi le maintien des cantonales par l’Etat français, les territoriales à venir, ainsi que la stratégie du mouvement à l’Assemblée de Corse, le rappel des fondamentaux, et des revendications portées par la LLN depuis 40 ans, qui sont aujourd’hui discutées par toute la classe politique. La décision du FLNC, les votes pour le PADDUC, la Coofficialité, le statut de résident… La réunion publique s’est terminée par le traditionnel chjami è rispondi entre la salle et les représentants de Corsica Libera notamment sur l’élection municipale d’Ajaccio, l’union entre les deux tendances du mouvement et les éventuelles alliances possibles au premier ou second tour… Sans oublier un rappel du soutien aux prisonniers politiques.
Le projet institutionnel « Corsica 21″et le projet de l’indépendance ont été évoqués lors des dernières réunions de Corsica Libera (vidéo 1), ainsi que la situation politique en Corse, Corsica Libera va soumettre au débat la question de l’indépendance comme cela a été le cas en Ecosse et en Catalogne, mais en attendant les dossiers à l’Assemblée de Corse à l’ordre du jour se positionnent vers l’évolution statutaire. (padduc, statut de résident, statut fiscal, coofficialité…).
Jean Guy Talamoni évoque la décision importante du FLNC de sortir progressivement de la clandestinité ce qui a bouleversé le paysage politique de la Corse, comme par exemple lors des Ghjurnate Internaziunale avec des projets de discussion avec des élus d’autres tendances politiques. Le FLNC a renforcé la cohésion des élus de la corse autour de la réforme, sauf que paris ne tient aucun compte de ce que l’Assemblée de Corse a acté, un bras de fer se met en place entre les élus corses et paris. Elus et responsables ne sont pas tous nationalistes, et malgré cela, paris n’a pas pour l’instant donné d’accord sur un seul des dossiers. Il y a un blocage qu’il va falloir lever, avec deux solutions envisagées comme par la mise en place d’une coordination unilatérale intégrant des élus qui sont pour la réforme. Il faut maintenir cette cohésion des élus de la Corse et à travers cette coordination une cohésion de la société civile. Seconde solution le volet international, selon Jean Guy Talamoni la France se livre à un déni de démocratie en ne respectant pas les décisions de l’Assemblée de Corse, des contacts ont donc été pris à l’international pour faire pression sur Paris. Un certain nombre de pays sont très intéressés par les décisions prises en Corse.
Pour François Sargentini ces réunions publiques sont pour préparer l’Assemblée Générale, mais l’actualité conjoncturelle était aussi au programme de ces réunions, comme la décision du FLNC, et les combats de Corsica Libera au niveau institutionnel. Pour François il y a deux thèmes principaux à travailler à cette assemblée générale. Depuis des années nous nous inscrivions dans une phase de résistance face à la situation faite à notre peuple et comme le FLNC, nous pensons qu’il y a un seuil politique que nous avons atteint, nous pensons que nous devons garder nos fondamentaux (comme « peuple corse comme seule communauté de droit sur cette terre »), nous devons aujourd’hui préparer notre courant politique pour accéder aux responsabilités, et pour accéder aux responsabilités il va falloir s’occuper de tous ce que pensent les corses sur le terrain comme la question sociale, et les situations imposées par la France au peuple corse, nous devons étoffer notre discours et parler de tous les problèmes qui concernent notre peuple. Second point, la structuration de Corsica Libera doit s’élargir au delà des militants et sympathisants, sans perdre la section et son militant, mais un cercle plus large doit etre organisé. Une association d’élus va se mettre en place pour coordonner l’ensemble des élus sur le terrain, c’est pourquoi cette assemblée générale sera le départ d’un renouveau de l’ensemble de notre courant politique.
Jean Marie Poli a rappelé que l’engagement patriotique existait toujours, qu’il était mobilisé et mobilisable, pour défendre un peuple quasiment en état de disparition. Il appartient à Corsica Libera de fédérer l’énergie patriotique sur les positions politiques qui sont l’émanation de Corsica Libera au sein de l’Assemblée de Corse par exemple. Jean Marie déclare que les discussions entamées aujourd’hui au sein de l’Assemblée de Corse sont à l’initiative de Corsica Libera, il faut pour lui, trouver tous ensemble et au delà des seuls nationalistes de trouver des solutions pour le peuple corse, contre la colonisation de peuplement, avec le Statut de résident, pour empêcher le peuple corse de disparaître Affirmer toujours un soutien aux prisonniers politiques et un rappel sur les non rapprochements effectués ces dernières années alors que tout a été acté pour un rapprochement familial, et pour cela, il faudra encore se mobiliser sur le terrain. Il confirme que la Répression coloniale est une réponse politique à la demande d’émancipation du peuple Corse.
Suite aux questions de la Salle:
Josepha Giacometti a parlé de la position de Corsica Libera pour la municipale d’Ajaccio, sur la nécessité d’union des nationalistes, tout en rappelant que Femu A Corsica n’a apporté aucune réponse publique à la demande de clarification. Pour Josepha, Corsica Libera a un message à porter, un message politique, Corsica Libera ne peut pas être absent du débat politique à Ajaccio mais aussi sur le plan national. Sur Aiacciu nous avons des choses à dire, mais elle rappelle que « Le terrain électoral n’est pas le seul terrain de lutte de Corsica Libera ». Corsica Libera va devoir s’inscrire dans le droit fil de ce qu’elle fait à l’Assemblée de Corse, et « Sans prétention aucune nous avons porté l’essence de ce combat, nous en sommes l’essence, nous devons nous engager dans un accès aux responsabilités, au niveau local, mais aussi demain au niveau territorial, vous devez nous en donner la Force »
Paul Leonetti « nous irons à l »élection seuls avec la force de nos convictions » si on nous oblige à diviser les nationalistes. La liste nationaliste sera représentée par Corsica Libera, selon Paul Leonetti, si l’union nationaliste ne se fait pas, c’est qu’il y a des calculs, on assiste à une tentative de détournement du mouvement national, nous sommes pour l’union, et si elle ne se fait pas, elle se fait contre les nationalistes ».
François Sargentini « nous avons toujours privilégié l’unité du mouvement national », nous avons fait des alliances y compris quand nous étions largement devant, notre courant est enraciné depuis 40 ans et n’a pas peur d’affronter les échéances, tout le monde doit être convaincu de ça, il est représenté dans toute la corse. Si demain, il y a des conditions politiques pour qu’il y ait une vision nationale qui s’impose, nous ne la rejetterons jamais. Depuis les élections municipales de Porto Vecchio et de Bastia, et visiblement sur Ajaccio aujourd’hui, nous aborderons ces échéances, nous n’allons pas capituler, notre mouvement est historique. Un courant comme le notre qui a beacoup donné pour la lutte n’est pas en passe de disparaître, mais les positions de certains risquent hypothéquer l’avenir du peuple corse, nous n’accepterons pas les petits jeux malsains, que personne ne pensent qu’on pourra nous éliminer du terrain politique, ils se trompent lourdement. L’Assemblée Générale qui arrive est importante, nous avons les hommes et les militants et personne ne pourra nous enlever du terrain ». Aujourd’hui Corsica Libera doit s’adapter aux réalités du terrain, l’organisation politique de Corsica Libera doit donc évoluer, il va falloir que le rôle de chaque membre de l’exécutif soit plus pointu (question sociale, économique…), un travail de fond sera proposé à partir de cette Assemblée Générale, à y soumettre des idées. Il y a une bonne unité au sein de notre démarche, mais il faut l’élargir, nous ne pouvons pas rester replier sur nos positions idéologiques, bien sur il faut les garder, mais l’évolution de Corsica Libera doit suivre l’évolution du peuple corse »
Sur un plan général, Jean Guy Talamoni au sujet des élections à venir a rappelé la position de l’UMP sur son refus de voter le PADDUC, mais aussi une motion pour l’Université de Corsica, ce qui rend possible, selon lui, certaines alliances et d’autres non. Saluant néanmoins la démarche politique de Jean Martin Mondoloni à droite, et son courage politique. Le maintien des élections cantonales est grave pour Jean Guy Talamoni, pour lui c’est un reniement des engagements qui ont été pris, un problème pas insurmontable en la matière. C’est sur ce genre de décision qu’il doit y avoir un rapport de forces et des mobilisations en Corse. C’est pour cela qu’il faut rejoindre la démarche de Corsica Libera, parce que les batailles qui s’annoncent vont etre des batailles déterminantes pour l’avenir de la Corse, la lutte se transforme et se positionne sur des terrains nouveaux.
Pierrot Poggioli, toujours au sujet des élections municipales, se posent la question des alliances, en rappelant qu’on ne peut pas s’allier avec des personnes qui votent contre les avancées institutionnelles de la Corse. La non réponse de Femu A Corsica handicapant pour l’instant toute stratégie alliance. Quelque soit la réponse de nos fratelli di Lotta, nous serons présents à cette élection municipale.
Norbert Laredo, d’i Verdi Corsi, a demandé que le mouvement national reste uni non seulement à cette élection mais aussi au niveau national.
A cette demande légitime, Petru Paoli, a répondu que Corsica Libera est et à toujours été pour l’unité nationale (scelta patriottica), mais il a rappelé aussi que depuis le mois de juin, Corsica Libera a demandé des réunions bilatérales, mais aussi par voix de communiqués, d’aller aux élections sur une même liste. Mais sans aucune réponse de Femu A Corsica, Corsica Libera doit se positionner politiquement pour cette échéance électorale, elle ne peut pas être absente. Pierre Paoli veut regrouper tous ceux qui aujourd’hui sont pour une solution politique, comme à l’Assemblée de Corse Corsica Libera se met en ordre de marche, et a l’ambition de créer un mouvement le plus large possible.
Jean Marie Poli, toujours au sujet des élections municipales, les positions politiques sur la coofficialité, le statut de résident, le statut fiscal sont des positions de Corsica Libera sur lesquelles les autres sont venues. Ces positions sont les seules positions pour la corse pour sortir de l’ornière.
Josepha Giacometti rappelle que CORSICA LIBERA, mouvement indépendantiste, est une force politique à part entière et non une force d’appoint. « Nous avons mis en place une majorité d’élus qui se prononcent en faveur d’une évolution » Nous devons peser avec ce que nous sommes et ce que nous représentons. Nous ne pouvons pas aller avec ceux qui refusent toutes les évolutions pour la Corse comme lors du vote du PADDUC.
Par la voix de Petru Paoli, à une question sur les dernières élections, et suite à une référence sur le vote Front National, Petru a rappelé que le FN était l’ennemi du mouvement national.
Pierrot Poggioli a demandé aux corses d’aller saluer fraternellement Christophe Barbier samedi soir à Bastia.
Jean Guy Talamoni rappel qu’il faut tenir compte de ce que nous sommes, et pour les élections, Corsica Libera est en capacité de porter le message politique et indépendantiste du mouvement. Il rappel qu’en toute logique, le mouvement national doit être unis, et Corsica Libera veut aller dans se sens, mais visiblement selon lui, tout le monde ne partage pas l’avis de Norbert Laredo.
En conclusion
Jean Guy Talamoni invite les militants et sympathisants, mais aussi tous ceux qui se reconnaissent dans la stratégie de Corsica Libera de se rendre à l’Assemblée Générale de dimanche. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues pour travailler sur les projets institutionnels comme Corsica 21, sur le projet de l’indépendance de la Corse, sur la souveraineté pleine et entière de la nation corse, cela demande la présence massive des corses sur les luttes à venir (manifestations, réunions…).